Lena

par | 24 Oct 2018 | Nouvelles

Lena

  • 24/10/2018

Une petite nouvelle avec un style qui n’est pas dans mes habitudes mais que j’ai eu envie de tester ( Si vous avez Wattpad et que vous n’aimez pas la mise en page d’ici,  Cliquez là ! )

Sinon c’est en dessous que ça se passe :

Couverture de la nouvelle Lena

Lena est une jeune femme pressée de revoir l’homme qu’elle aime. Après de longues minutes à attendre son train, elle va s’isoler et se rafraîchir dans les toilettes de la gare mais lorsqu’elle en ressort, devant elle se trouve un cheval mangeant de l’herbe.
Les rails, les trains, les panneaux, les bancs sont toujours là, mais la gare est recouverte d’herbe.
Mais où Lena se trouve-t-elle, et qui sont ces gens à l’apparence peu commune qui la regarde étrangement ?

       

     Une jeune femme entre dans une gare. Lena.

     Ses talons claquent sur le sol dans un bruit mat, son sac à bandoulière cogne contre sa hanche. Elle passe une main dans ses cheveux blonds cascadant sur ses épaules, elle réajuste sa jupe, noire, assez courte, son chemisier et enfin elle jette un coup d’œil à l’horloge de la gare. Dix neuf heures dix sept.

     « Formidable ! pense t-elle ironiquement. Je suis en avance. »

      Effectivement sur l’immense panneau des arrivées de trains, il est indiqué que le train pour Londres n’arrivera pas avant une heure. Ce qui signifie qu’entre les possibles retards et l’entrée des passagers lorsqu’il sera enfin là, elle devra attendre au moins une heure avant d’être enfin en route pour la capitale. Route qui durera sept heures, Aberdeen n’étant pas tout à côté. Tout ce chemin pour seulement quatre jours. Pour quelle raison me demanderez vous. Et bien c’est simple, son fiancé à été muté il y a quelques mois et ils ne se sont pas revus, mais impatiente de le revoir Lena ne pense qu’à une chose depuis des lustres, partir pour Londres. Ayant son travail en Ecosse elle ne peut pas rester longtemps et donc la voilà partie pour deux heures d’attente dans la gare puis sept heures de train. Mais elle est motivée, elle aime son fiancé plus que tout et serait prête à traverser l’océan à la nage pour lui. Ça vire à l’obsession si vous voulez mon avis. Lena est agacée mais sait pourquoi elle est là et donc elle esquisse un léger sourire et va s’asseoir gentiment sur un banc.

      Les minutes passent, à ses yeux, ce sont des heures. Des heures loin de l’homme de sa vie. -Mais comme je l’ai déjà mentionné, elle est obsessionnelle.- Elle continue de sourire mais sent qu’il devient faux, ou « hypocrite ». Alors elle cesse, prend une grande inspiration, se lève et se dirige vers les toilettes publiques pour se passer un peu d’eau sur le visage.

     Alors qu’elle approche de la porte, elle remarque qu’il n’y a personne à côté. Pourtant les toilettes des gares sont toujours bondées de monde. C’est un peu le refuge des impatients, ou des cinglés. Plutôt soulagée d’être toute seule et tranquille, Lena pousse la porte. Sur laquelle il y a écrit tirez. Attention ! On ne se moque pas, je suis sûr que ça vous est déjà arrivé. Elle se rend compte de son erreur, au comble de l’agacement et tire la porte comme une furie, elle entre et fonce vers les lavabos, elle fait couler l’eau dans un jet puissant, mets ses mains en coupe en dessous et s’envoie une bonne quantité d’eau au visage. Elle passe alors lentement ses mains sur son visage en tentant de se calmer. Soudain le courant se coupe. De quoi vous faire stresser au maximum. Quoique, Lena n’est pas tellement occupée à avoir peur pour le côté flippant du lieu dans le noir.

     « Oh non pitié dites moi que c’est seulement dans les toilettes !  » Dit elle suppliante avant de psalmodier mentalement :  » Pas de retard de train, pas de retard de train, pas de retard de train… »

     Et tout aussi soudainement la lumière revint. Elle respire un coup et décide de sortir pour voir si des retards de trains sont prévus. Anxieuse elle appuie sur la poignée lentement et entrouvre la porte. Son regard se pose sur … Attendez quoi ? Un cheval qui mange de l’herbe ? Non mais c’est une blague … ? Lena ouvre la porte en grand.

     Ses yeux s’écarquillent de stupeur, sa bouche s’ouvre en un O parfait et son sac tombe de son épaule, renversant son contenu sur .. l’herbe. Une herbe bien verte, comme celle des plaines dans les campagnes écossaises. S’il vous plait dites moi que c’est un rêve ? Elle est en train de rêver .. Sinon ce n’est pas possible.. Mais non.. Je le vois moi aussi. Lena regarde le sol puis le cheval et enfin elle regarde le reste de la gare. Sous son regard éberlué s’étend une prairie. Pourtant il s’agit toujours de la gare, les rails, le banc et même le panneaux des arrivées sont là. Flottant à plusieurs mètres du sol de manière inexplicable. Bon en même temps essayez d’expliquer ça. Revenons aux panneaux,  les destinations ont changé. Lena les lit instinctivement, trop choquée pour réfléchir.

   10h00 Bilevoix

   10h15 Loupibou

   10h45 Kilveno, 10h55 Maripe, 12h25 Souleba et j’en passe.

   Attendez sérieusement..!? Ce sont de vrais noms ça ? Faut être fou pour donner des noms pareils à des villes !

    Lena se repasse mentalement le nom des villes dans la tête tellement de fois que cela ne devient plus qu’un enchevêtrement de syllabes. « Je.. Oh mon.. C’est pas VRAI ! » S’écrit elle.

    Des gens se retournent en l’entendant crier. Enfin des gens,  c’est vite dit. Des visages à bec d’oiseaux, ou à museaux de vache ou autres. Des jambes avec des sabots, des griffes, des serres.. Lena recule en titubant et percute quelqu’un. En se retournant elle soupire de soulagement, l’homme qui se tient devant elle à l’air normal. « Que se passe t’il ici ? Il y a deux minutes j’étais dans une gare et là je me retrouve ici ! « 

     « Mais mademoiselle, vous êtes dans une gare. » Alors qu’il parle, l’espoir qu’il fut normal se retrouve réduite à néant. Il a une langue de serpent et des écailles apparaissent aléatoirement sur son visage à chacun de ses mots. Prise de panique Lena recule à nouveau, trébuche et tombe à terre, sur ses fesses. Et non interdiction de se moquer. Vous seriez comment dans cette situation, moi je vous le demande ! Il la regarde étrangement comme tous les gens autours. Lena suffoque, elle ne peut plus respirer la peur lui compresse les poumons.

     « Tout le monde s’écarte allez ouste ! Allez !  » Une femme d’apparence humaine – mais bon méfions nous- s’approche et écartant tout le monde avec une poigne étonnante pour sa carrure d’adolescente. Elle s’agenouille devant Lena qui panique encore plus. « Allez, allez ! On respire Miss. On respire. Vous allez reprendre avec moi, une inspiration. Voilà. Une expiration. On recommence, Inspiration, Expiration. »

    Pendant plusieurs minutes elles continuèrent à respirer de cette manière. Je vous passe la scène ça dure longtemps, c’est chiant. Lena garda les yeux fermés pendant tout le long pour ne pas paniquer à nouveau si elle voyait les dents de cette femme s’allonger ou ses oreilles redescendre ou je ne sais quoi d’autre qui pourrait potentiellement se produire. Quand elle eut enfin retrouvé son souffle Lena se leva. Finalement elle choisit de garder les yeux fermés encore quelque temps et ne répond pas aux questions de la femme. Et enfin elle ouvre les yeux. Mauvaise idée. Chose qu’elle n’avait pas encore vue. Les trains ! Ils ont des visages. Vous voyez Thomas, le petit train ? Et bah c’est la même chose mais dans la réalité ! A nouveau Lena suffoque, la femme à côté d’elle lui fait refaire deux inspirations et Lena se calme.

     « Alors Miss. J’imagine que vous êtes arrivée par les toilettes ? « 

     « Oui, je ne comprend pas.. Comment ça à pu se produire ? Comment je suis arrivée là, où est ce que l’on est ? « 

     « Vous êtes à la gare de Laminousse, je sais ça ne vous dit rien, c’est normal. En réalité nous sommes dans un monde parallèle au vôtre. « 

     Lena la regarde avec un air ahuri. Et moi aussi je dois vous dire.

     « Détendez vous miss, vous allez pouvoir repartir mais il faut attendre un moment spécifique. En fait quand vous étiez encore chez vous, un phénomène à du se produire et vous vous êtes retrouvée là par accident. Ça peut arriver parfois. Et il y a certains endroits où ça se produit souvent. Chez vous, vous appelez ça le Triangle des Berdudes il me semble..

     Oh la vache ! Le triangle des Bermudes envoie les gens dans des mondes parallèles ?!

     « Des BerMudes… Oh mon… Je n’y crois pas ! C’est quoi ce délire !? « 

      « Je vous l’ai dis, on se détend miss.  » On se détend ? Plus facile à dire qu’à faire !

     « Mais comment je peux me détendre alors que je me retrouve dans un monde parallèle ? J’étais dans une gare, j’attendais mon train pour rejoindre mon fiancé qui habite à Londres et .. Je suis en train de rêver ! Pitié, dites moi que c’est ça ! » Euh .. Dans ce cas on est deux dans ton rêve. Désolée je ne crois pas que tu rêves Lena.

     « Hum d’accord. Vous êtes en train de rêver. » Et avec un peu plus de conviction vous pourriez tenter ?

    « Vous avez l’air très convaincante. » Tu lis dans mes pensée.

    « Je ne sais pas mentir.. Je pense que c’est une qualité. »

     Lena ne répond pas et se tourne, pour observer autour d’elle. Elle détaille les lieux. Et moi aussi par la même occasion.

     La gare est en plein air. Le soleil brille, les oiseaux chantent- J’espère que ce sont des oiseaux- et les « gens » semblent particulièrement heureux, en discutant, avec les trains. Les trains d’ailleurs sourient jusqu’aux oreilles, enfin pas vraiment.. Ils ont pas d’oreilles.. D’ailleurs comment ils entendent ? Enfin peu importe. Le cheval de tout à l’heure a retrouvé sa famille et ils mangent de l’herbe. Tous semblent paisibles et joyeux. Quelques trains partent avec des passagers et quelques autres arrivent. Je serais bien restée ici moi.. Mais Lena veux encore retrouver son fiancé -Obsession- et demande à la femme quand elle pourra rentrer chez elle. J’en ai marre de l’appeler « la femme » Lena où est ta politesse ? Et son prénom tu lui demandes pas ?

     « D’ici quelques minutes, vous voyez le point lumineux là haut dans le ciel. » Lena suit des yeux une sorte de boule de feu vert dans le ciel qui grossit à vue d’œil. « Dès qu’il sera au dessus de la gare vous pourrez repartir en passant près de la porte des toilettes ! Et au fait, je m’appelle Louisa » ENFIN !

     « Je suis Lena. » C’est tout ? Elle t’a empêchée de crever de trouille tout à l’heure et c’est tout ce à quoi elle a le droit ?

     Louisa lui sourit et lui propose de rester avec elle en attendant. Plusieurs autres « personnes » s’approchent pour discuter avec Lena qui répond de manière brève. L’homme serpent s’approche d’elle.

     « Désolé de vous avoir fait peur tout à l’heure. Je me nomme Likan. Vous allez sûrement repartir d’ici peu mais aurons nous un jour l’occasion de nous revoir ? Beaucoup de gens dans cette gare apprécient de découvrir des histoires de l’autre monde. »

     « Je.. Je ne sais pas.  » Lena semble tout à coup intéressée. Si elle pouvait revenir… Le lieu semble tellement merveilleux.

Non elle n’était pas en train de paniquer il y a deux minutes à peine, de quoi vous parlez ? Cette fille est lunatique ? Mais où avez vous lu ça !

    « Louisa ? »

     Louisa lui sourit.

     « Tiens, voici une pierre verte. Elle est connectée aux phénomènes. Elle ne fonctionnera pas à tous les coups mais en l’ayant avec toi tu pourras sûrement revenir. Mais maintenant file ! Tu dois partir ! »

    Lena court et rejoint les toilettes à l’instant même où le feu passe au dessus de la gare. Une lumière éblouissante l’aveugle..

     C’est sur le sol dans les toilettes de la gare que Lena se réveille. Des femmes entrent et sortent sans se soucier d’elle. Lena se relève avec difficulté, les muscles endoloris. Elle s’approche des lavabos et s’observe dans le miroir.

     « J’ai rêvé ? Comme dans Alice aux pays des merveilles ? « 

La déception se peint sur son visage.

Ta poche Lena, ta poche.

     Lena entend l’annonce du départ de son train. Elle attrape son sac range toutes ses affaires dedans en vitesse. Et c’est de justesse qu’elle rentre dans son wagon. Elle s’installe et enfin elle porte la main à l’unique poche de son tailleur, sa main touche un renflement. Elle sort la pierre verte et un sourire magnifique se dessine sur son visage. Un vrai cette fois.


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